Années 2009 à 2019, ci-dessous
Années 2020 à 2022, cliquer ici
Année 2019
La Maison de L’Outarde d’Or, 19 rue du Boeuf
(Journal RVL n° 153, novembre 2019)
4 rue Juiverie, le faux hôtel Paterin
(Journal RVL n° 152, juin 2019)
Année 2018
La maison du Chamarier, 37 rue Saint-Jean : une belle endormie
(Journal RVL n° 151, novembre 2018)
14 rue du Boeuf : le premier atelier monétaire de Lyon
(Journal RVL n° 150, juin 2018)
En 1413, Charles VI ordonna le transfert de la monnaie de Mâcon à Lyon. Le premier atelier monétaire a été installé à l’emplacement des actuels 12 et 14 rue du Boeuf et s’y est maintenu pendant pratiquement deux siècles, si bien que la rue Tramassac (ancien nom de la rue du Boeuf) a parfois été appelée rue de la Monnaie. Les plus grands orfèvres lyonnais de cette époque s’y sont en effet côtoyés, succédé et y ont travaillé : Jacquet (ou Jacquemin) de Lyon, Henri de Florence, Nicolas de Florence, son fils, époux de Guillemette Lepère, Jean et Claude de Montpancier et, enfin, Jean de Mouceaulx et son épouse, Denise de Montpancier.
Mais la concurrence est arrivée après l’ouverture, en 1521, par Claude Besson (d’une famille d’orfèvres, garde de la Monnaie de Lyon), d’un nouvel atelier monétaire créé dans la rue Besson, devenue rue de la Monnaie, puis rue Vieille-Monnaie. Au XVIe siècle, les bâtiments du n° 14 rue du Boeuf devaient être vétustes : à la fin du XVe siècle, un petit jeu de paume, à l’enseigne de La Fleur de Lys, avait été construit dans la cour. C’est probablement à Guillaume Lempereur, procureur ès cour de Lyon, que l’on peut attribuer l’actuel bâtiment sur rue et sa porte d’allée : il reconnaît, en 1587 « une grande maison HMB (1) en deux corps, jeu de paulme entre les deux, jardin estant au costé de la montagne », maison qu’il ne semble pas avoir gardée longtemps.
Les Croppet de Varissan et la
légende
On relève ensuite le nom
d’Alix Dallier, dame de Varissan. Elle est décédée entre 1620 et 1623 après
avoir donné ses biens à ses petitsenfants, Jean Croppet, et son frère
Justinien. Justinien s’est installé au 42 rue Saint-Jean, Jean a habité au 14
rue du Boeuf, immeuble qui s’est ensuite transmis par héritages et mariages
successifs à Marguerite Croppet, Pierre Dugas (qui y est né le 11 juillet
1701), puis Étienne Dugas, qui a vendu en 1786. Mais les Dugas (Laurent, Pierre
et Etienne) ont vécu dans la presqu’île, paroisse de Saint-Nizier. Depuis des
lustres, il est écrit et répété que le 14 rue du Boeuf a été, au moins depuis
le XVIe siècle, la demeure de la famille Croppet.
En réalité, les Croppet ont d’abord résidé rue Saint-Jean (2) : vers 1528 Jacques Croppet a reçu en héritage de son beau-père, Jean Neyret, l’ancienne auberge de la Croix- d’or située à l’emplacement des actuels 60 rue Saint-Jean et 29 rue du Boeuf. Les deux aînés de Jacques, Jean et André Croppet, se sont illustrés, le 30 avril 1562, en soustrayant au pillage des protestants de précieuses reliques. Le 11 juillet 1572, la veuve de Jean Croppet a rendu au Chapitre « un doigt de saint Étienne, et un os du bras de saint Vincent ». De là est née la légende du puits du 14 rue du Boeuf dans lequel les reliques et des archives du Chapitre auraient été cachées, ce qui aurait valu à la famille des faveurs particulières de la part de l’Église de Lyon (3), dont la construction de l’obélisque du puits.
Cette histoire embellie pourrait bien
avoir été entretenue par les Croppet eux-mêmes et tout particulièrement par
Jean Croppet, héritier du 14 rue du Boeuf, qu’il a possédé de 1623 jusqu’à son
décès, en 1684. Dans la nommée de 1633, il reconnaît : « maison HMB en deux
corps deux cours et ung petit jardin sur le dernier ». Le jeu de paume a disparu et les
bâtiments sur la première cour ont été réunis côté sud par d’élégantes galeries
à serliennes (4) et une tour d’escalier que l’on peut rapprocher de la tour
rose voisine (n°16) ; à l’angle Est de la galerie se dressait le « fameux puits
», couvert d’un obélisque, comme en atteste le beau dessin publié par Pierre
Martin (Recherches sur l’architecture, la sculpture, la peinture,
la menuiserie, la ferronnerie, etc., dans les maisons du Moyen-âge et de la
Renaissance à Lyon, Paris, 1855) (fig.
ci-contre).
Les façades n’ont pas changé, mais le
puits a disparu, entre 1855 et 1884. Il se peut que Jean Croppet ait fait
réaliser ces travaux à l’occasion de son mariage, vers 1632, à Montbrison, avec
sa cousine Marie Croppet. En outre, on sait qu’il avait fait appel à de grands
sculpteurs lyonnais contemporains pour orner sa cour : un Bacchus de Jacques
Mimerel, et une Flore de Martin Hendricy.
Année 2017
Pierre Sala et sa thébaïde de l’Antiquaille
(Journal RVL n° 149, novembre 2017)
Le portrait ci-contre publié à la fin de son manuscrit Petit Livre d’amour, ou Emblesmes et Devises d’Amour (British Library, Londres), est attribué à son ami et contemporain le peintre Jean Perreal. Pierre a une fille, Éléonore, née d’un premier mariage, épouse d’Hector Buatier, notaire et secrétaire du roi. Hector est lui-même fils de Marguerite Bullioud, que Pierre Sala épouse en secondes noces.
La famille Sala possède de nombreux biens immobiliers tant à Lyon que dans le Plat Pays. Cependant, Pierre loge avec son demi-frère Jean, fils d’un second mariage d’Amédée. Jean est écuyer, capitaine et conseiller de la Ville. Ils habitent « une grand maison, haulte moyenne et basse, en laquelle est l’enseigne de l’Aigle, en la rue de la Boucherie traversant en la ruelle de l’Ange », à proximité de l’église Saint-Paul, où ils accueillent également, comme locataires, des marchands lucquois.
11 rue Saint-Jean, maison natale du grand poète Maurice Scève
(Journal RVL n° 148, juin 2017)
N’est-il pas remarquable de constater que la famille Scève redevient propriétaire à la fin du XVIIe siècle en la personne de Mathieu (II) de Scève, devenu très riche, baron de Fléchères, prévôt des marchands (1694-1696) qui, en 1683, fait hausser et agrandir la maison d’une parcelle au sud à l’angle de la place du Gouvernement ; hasard ou attachement aux racines familiales ? Les Scève vont rester propriétaires jusqu’au milieu du XVIIIe siècle.
La façade sur le quai a été refaite au cours des siècles ; cependant, il est intéressant de remarquer au deuxième étage un vestige de trois grandes baies à colonnettes qui semblent pouvoir être datées du XIVe siècle.